Interview

Aksil répond aux accusations de Ferhat Mehenni

Suite aux accusations de Ferhat Mehenni qui soupçonne Aksil d’avoir fomenté un complot pour l’assassiner à Tunis, nous vous livrons la réaction du chef de cabinet de Ferhat Mehenni. Il nous paraît essentiel de donner la parole au mis en cause. Sur un sujet aussi grave seul le débat libre et contradictoire permettra à chacun de se faire une opinion.

« Ma probité et ma sécurité sont gravement mises en péril »

Ferhat Mehenni vous a accusé publiquement d’être impliqué dans un complot visant à l’assassiner à Tunis, qu’avez-vous à répondre à cette grave accusation ?

Aksil : Comme vous le soulignez, l’accusation est grave, aussi grave qu’elle est dénuée de fondement.

Je fonctionne auprès de Ferhat depuis pratiquement deux ans et j’ai passé bien du temps à prévenir les mauvais coups. Mauvais coups qui le plus souvent étaient le fruit de son imaginaire.

La façon dont toute cette affaire a été exploitée, la précipitation avec laquelle il est allé mettre ça sur des sites kabyles font se poser bien des questions.

Je pense que si j’étais un infiltré ou autre, il aurait — a minima — fait part de ses doutes ou de sa conviction à l’instance dirigeante du MAK en Kabylie, ou du moins à son équipe présente en France.

La logique aurait voulu qu’il alerte les autorités judiciaires françaises. Il a préféré croire qu’il pouvait faire tout ce bruit dans le microcosme kabyle et que les choses en resteraient là.

Ma probité et ma sécurité sont gravement mises en péril, et j’ai donc décidé, après beaucoup de réflexion et de recherches de déposer plainte auprès du procureur de La République.

Ma plainte écrite a été postée le 31 janvier et j’en ai reçu accusé de réception le 1er février. C’est le procureur de la République de Paris, Bd du Palais qui en a été le destinataire.

Pour ce qui est de mon entourage, des personnes qui travaillaient avec moi dans le cadre de l’Anavad, aucune n’accorde le moindre crédit à ces inepties. Plus encore elles m’encouragent toutes, depuis le premier jour à réagir publiquement… j’ai préféré prendre le temps de la réflexion, ce dont aurait été bien inspiré Ferhat… ce qui aurait été plus la marque d’un homme politique.

Le porte-parole du GPK a déclaré que Ferhat Mehenni a déposé une plainte auprès du procureur de la République ? Qu’en est-il dans la réalité ?

Aksil : Je l’ignore. J’ai effectivement lu ça sur un site, mais pour ma part aucune autorité (judiciaire ou de police) n’a pris contact avec moi… c’est là une affirmation comme toutes les autres. Je vois mal Ferhat déposer plainte sur la base des éléments qu’il avance sans que cette plainte ne se retourne contre lui pour « dénonciation mensongère de crime »… et ça c’est trois mois d’emprisonnement et 450.000 € d’amende. Je ne peux que vous répéter qu’il est dans l’impossibilité de déposer quelque plainte que ce soit, puisqu’il sait mieux que tous que cette affaire n’existe que dans son esprit… pour quels motifs ? l’instruction de ma plainte — elle, bien réelle — nous en apprendra sans doute davantage.

Vous êtes inconnu du grand public, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours et comment avez-vous abouti à ce poste de chef de cabinet de Ferhat Mehenni, président du GPK.

Aksil : Je n’ai jamais milité dans les associations kabyles, d’autonomie ou autre. Je ne suis donc pas makiste d’origine – ce que je suis devenu – et encore moins mehenniste ce que je n’ai jamais été ni ne serait, n’étant pas un adepte du culte de la personnalité.

Ma venue a été la rencontre avec Ferhat que j’ai trouvé sincère et pathétique dans sa démarche d’autonomie à l’époque.

J’ai ensuite, peu à peu, pris conscience de la grande injustice faite au Peuple kabyle. J’avais quelques moyens acquis au long de mon parcours à mettre au service de ce Peuple (qui est le mien) et ne pas le faire m’a été impossible : dès lors que l’on sait, il est difficile, voire impossible de ne pas faire ! Alors j’ai fait à mon niveau, non pas en militant auprès des Kabyles, mais davantage en direction des milieux non-kabyles pour essayer de donner une visibilité de qui nous sommes, tenter de sortir de l’amalgame dans lequel on veut à toutes forces nous maintenir.

Pour ce qui est du poste de chef de cabinet ce n’est qu’une appellation de Ferhat, puisque je n’ai jamais fait l’objet d’une quelconque nomination, contrairement aux autres membres de l’équipe gouvernementale, comme il aimait à le faire sur son journal officiel, idée de journal officiel avec laquelle je n’étais pas d’accord. J’aurais tout aussi bien pu être désigné par n’importe quelle autre fonction.

En fait, lui-même se croit effectivement président, qui plus est, président exerçant en Kabylie, installé, etc., il n’a pas compris que le GPK n’est qu’une étape, un outil, et que la route à parcourir reste encore incertaine… surtout avec des épisodes comme celui-là !

Avez-vous des éléments d’information concernant la démission de membres du GPK et du MAK ?

Aksil : Je l’ai appris par la lecture des sites. Mais il est évident qu’un malaise couvait. Ainsi que je le dis plus haut – je crois – je ne me suis jamais mêlé des tiraillements entre les différents membres soit du MAK, soit du GPK.

Comment voyez-vous l’avenir du MAK-GPK et de son président ?

Aksil : Il est troublant de constater qu’avant de sabrer le GPK de cette façon, Ferhat ait pratiquement vidé le MAK France de toute sa substance.

Je ne vois plus d’avenir à Ferhat en qualité de président, mais j’ai toute confiance dans le militantisme des gens qui composent le MAK, ceux avec lesquels je suis d’accord, comme ceux avec lesquels je ne suis pas d’accord. Il y a un véritable bouillonnement militant qui ne peut aller que de l’avant. Ce serait faire insulte à ces militants et à la Kabylie (à l’Histoire même) de penser qu’un Ferhat ou qu’un Aksil, ou n’importe qui d’autre puisse détenir l’avenir de ce Peuple entre ses seules mains. C’est ce qu’il n’a pas compris.

Geneviève Harland, 29 janvier 2011

On peut lire dans le communiqué de l’agence Siwel, publié le 27/01/2011 :

« Le président de l’Anavad vient de déjouer un plan macabre visant à l’assassiner, impliquant l’un de ses proches collaborateurs. La démarche de ce dernier a été particulièrement patiente et impliquée tout un réseau de barbouzes dont le travail, dans l’ombre consistait, aussi, à saboter systématiquement, auprès des médias français, la communication du Gouvernement kabyle ». Le texte ajoute que : « En tentant d’attirer M. Ferhat Mehenni à Tunis où la violence, la confusion et les coups tordus sont rois, on voulait le livrer comme un paquet-cadeau aux agents du DRS qui devaient, en fonction des circonstances, l’abattre sur place ou l’emmener jusqu’à Alger. »

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