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Communiqué des animateurs du Manifeste Kabyle

Au sujet de ce communiqué :
Nous ne sommes pas du tout d’accord avec le fait que les signataires refusent une Kabylie qui se projette dans l’avenir pour nous imposer une Kabylie livrée aux sables mouvants de l’islam qui happe et détruit toute culture.

À l’issue du séminaire interne organisé par les animateurs du Manifeste Kabyle le 31 juillet et le 1er aout derniers à Larbaa Nat Iraten, les représentants des délégations de Tizi-Ouzou, Sétif, Bouira, Boumerdes, Bejaia et de l’émigration se félicitent du déroulement des travaux.

Le débat engagé, dans la première journée, autour des fondements du Manifeste Kabyle a fait ressortir la nécessité d’expliciter certains concepts politiques et de les traduire en propositions concrètes à soumettre au débat dans les rencontres avec la population. En abordant la notion de statut politique particulier, certains animateurs ont mis l’accent sur la nécessité de s’appuyer sur les expériences des autres peuples (tels les peuples catalan, basque, québécois et de l’Amérique latine) pour s’en inspirer et mettre en évidence la diversité des formes d’organisation des États dans les nations multiculturelles. Le principe d’adapter tout projet de statut au contexte kabyle et de tenir compte de la nature foncièrement antidémocratique et autoritaire du régime politique algérien a été retenu par l’ensemble des participants.

Dans le même ordre, il a été retenu l’idée de susciter et d’accompagner tout processus visant à la réhabilitation de la démocratie villageoise en renforçant et en modernisant nos traditions ancestrales notamment par des actions volontaristes qui permettront l’expression entière et autonome de la femme kabyle. Les tentatives d’infiltration du courant salafiste, les atteintes à l’autorité des villages par l’action de mercenaires du wahhabisme sur le terrain des pratiques religieuses doivent être combattues de manière énergique par la force et la solidarité communautaire.

En effet de l’Islam en Kabylie, il n’y a de place que pour l’Islam de nos ancêtres, celui qui a réussi à s’adapter et à renforcer la culture du peuple kabyle.

En abordant les questions économiques, les animateurs du Manifeste Kabyle ont relevé une remise en cause de certains projets en Kabylie, sous prétexte de la politique d’austérité engagée par le gouvernement algérien. L’abandon de la construction d’un nouveau CHU à Tizi-Ouzou, pour ne prendre qu’un seul exemple, alors que les capacités d’accueil de l’actuel sont largement dépassées, constitue une nouvelle forme de représailles et s’ajoute à la politique de stigmatisation du pouvoir.
Sur le plan national, la priorité est orientée sur la situation au niveau de la vallée du M’zab. Tout en réaffirmant leur solidarité à la communauté mozabite, les animateurs du manifeste condamnent avec la plus grande vigueur l’arrestation de militants politiques connus pour leur attachement à l’action pacifique. La libération immédiate de Kamel Eddine FEKHAR, Nacerddine HADJADJ et de leurs compagnons doit revêtir un caractère inconditionnel. Toute prolongation de leur détention ne fera qu’aggraver la situation en alimentant les frustrations des jeunes mozabites. La classe politique, les organisations des droits de l’homme sont interpellées pour se positionner sur ces cas et peser de tout leur poids pour éviter de nouveaux drames.

En ce concerne la polémique engagée autour des langues d’enseignement à l’école, les animateurs du Manifeste s’indignent que des questions aussi fondamentales soient abordées sur le terrain de l’affrontement idéologique alors que les considérations pédagogiques légitimes sont évacuées. La réduction des langues maternelles à « un langage de rue » par les milieux islamo-conservateurs est acte de mutilation identitaire, une atteinte profonde aux référents de l’Algérie et participe de la négation d’une réalité culturelle millénaire. Dans le cadre du Statut particulier politique, l’école, qui restera de la compétence exclusive des institutions de la Kabylie, sera réorientée vers sa mission universelle : le développement humain. La langue maternelle a+mazigh, dans sa variante kabyle, sera non seulement enseignée mais érigée comme langue première de la Kabylie. La langue d’acquisition des connaissances restera quant à elle celle qui offrira aux futures générations les savoirs, les qualifications à même de leur garantir une place dans un monde qui se différentie de plus en plus par le développement scientifique technologique.

Au deuxième jour du séminaire, les animateurs du Manifeste Kabyle ont abordé la question de prolongement politique de leur initiative et se sont accordés sur la nécessité de multiplier les initiatives de rassemblement et d’élargir les contacts avec les militants de la Kabylie pour assurer un meilleur succès. L’approfondissement du débat démocratique et l’association des kabyles, installés et à l’intérieur et à l’extérieur de la Kabylie, sur toutes les questions qui engagent l’avenir de la Kabylie sont considérés comme des principes intangibles desquels il ne faut jamais s’éloigner.

A l’issue des travaux, conformément à la résolution arrêtée au cours de l’interrégionale tenue à AKBOU le 29 mai 2015, une commission pour la préparation de la Conférence Régionale de la Kabylie a été installée, et un Bureau de coordination des animateurs, présidé par M. Ahmed Ait BACHIR, a été élu.
P/ Les animateurs du Manifeste Kabyle

Ahmed AIT BACHIR

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