Islam

Mali : les islamistes ont pris Tombouctou

Iyad Ag Ghaly, nouveau maître de Tombouctou.

Tombouctou, capitale historique de l’islam est tombée aux mains de la rébellion, hier 1er avril 2012. Des informations incohérentes circulent. Le groupe islamiste Ansar Dine, dirigé par le Touareg Iyad Ag Ghaly, semble contrôler la ville d’où il a chassé les partisans du MNLA selon certaines sources qui font également état de scènes de pillages et d’agression sur la population de la ville.

Le leader du groupe islamiste armé touareg Ansar Dine [1], Iyad Ag Ghaly, a pris ce lundi le contrôle de la ville de Tombouctou (nord-ouest de Mali) et en a chassé les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ont expliqué des témoins.

« Iyad est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du MNLA qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ils ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville »,

a affirmé Moussa Haïdara, caméraman qui a filmé l’entrée dans la ville de Iyad Ag Ghaly.

Cette information a été confirmée par des habitants de la ville, dont le responsable d’un des principaux hôtels de Tombouctou.

« Ce lundi, Iyad Ag Ghaly est arrivé avec ses hommes à Tombouctou pour renvoyer les gens du MNLA »,

a dit cet hôtelier sous couvert de l’anonymat.

« Il est venu à l’hôpital pour demander aux infirmiers de travailler, de soigner les gens. Après, Iyad a parlé à la population pour dire de ne pas avoir peur, qu’ils (les membres d’Ansar Dine) sont là pour l’islam, pas pour l’indépendance ou pour faire mal ».

Selon le cameraman,

« l’adjoint de Iyad, qui parlait en français, a aussi affirmé que parmi  les militants d’Ansar Dine,  il y a des Somaliens, des Nigérians, des Tunisiens et que tous sont pour l’islam ».

L’avancée rebelle a été rendue possible à la fois par la désorganisation de l’armée malienne, aggravée par le putsch, mais également par l’armement lourd dont dispose la rébellion et les groupes islamistes, ramené de Libye par des centaines de supplétifs du colonel Mouammar Kadhafi, qui ont combattu à ses côtés avant la chute de son régime en août 2011.

Iyad Ag Ghaly : figure historique des rébellions touareg des années 1990.

Petit rappel :

En 1990, le nord du Mali s’était subitement embrasé avec l’éclatement d’une rébellion armée qui avait fait de nombreuses victimes (civiles et militaires).

À l’époque, le premier mouvement à déclencher les hostilités à Ménaka et Tinzawaten était le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA). Des garnisons militaires et des postes de gendarmerie furent simultanément attaqués. Iyad Ag Ghaly (avec d’autres) venait fraichement de quitter la légion islamique libyenne (un contingent supplétif de l’armée) que Kadhafi avait créée pour la guerre au Tchad.

En février 2009 Iyad est nommé agent près du consul du Mali à Djeddah. Mais Iyad ne fera pas un long séjour sur le sol du royaume d’Arabie Saoudite. Il aurait été expulsé à cause, dit-on, d’activités subversives. Iyad ne faisait plus mystère de son appartenance à la Dawa, une secte islamiste.

Après son expulsion de Djeddah, son nom revient souvent dans les négociations visant la libération des otages occidentaux enlevés au Sahel.

Iyad Ag Ghali, qui avait élu son QG dans des chaînes montagneuses de Kidal où il a proclamé la naissance d’Ansar Eddin avec comme principale revendication « l’application de la charia islamique et la réhabilitation des ouléma » en plus d’autres exigences relatives aux droits des habitants de l’Azawad.

Ses objectifs sont différents de ceux du MNLA, mouvement laïque qui a lancé à la mi-janvier une nouvelle rébellion et qui se bat pour l’indépendance de l’Azawad, région naturelle du nord du Mali considérée comme le berceau des Touareg.

Le MNLA et les groupes islamistes armés ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord du Mali, Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de l’armée malienne, sous-équipée.

Avec agences

Notes : [1] (défenseur de l’islam)

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